Que croire?! [pv Boa suite vestiaires]

Devoir supporter les moqueries incessantes de Kame devenait un enfer pour Shuuji. Ce petit rire qui résonnait dans sa tête, cette voix cristalline et maléfique, ce sourire à vous glacer le sang, c’était toutes ces petites choses que Shuuji ne supportait plus et qui finissaient par l’affaiblir. Subissant en silence les brimades continuelles de Kame, Shuuji avait finit par croire ce qu’elle lui disait. Il était impossible de connaître la force psychique que pouvait exercer Kame lorsque on ne l’avait pas subit et, lorsque on arrive même plus à penser par soi même car on a sans cesse cette petite voix dans notre tête qui nous répète qu’on se trompe, il est dur de s’y opposer et on finit à un moment ou à un autre par y croire.

Ainsi, lorsque Boa ne répondit pas à la dernière « affirmation » de Kame, Shuuji avait en quelque sorte la confirmation de tout ce qu’avait put lui dire Kame. Il n’avait pas imaginé une seule seconde que Boa pouvait douter ou encore être déstabilisé ou même ne pas avoir l’envie de répondre à Kame.
Non, dans l’esprit de Shuuji c’était clair: Boa l’avait manipulé. Mais, il demeurait tout de même des interrogations de taille dans son esprit: pourquoi était-elle restée avec lui? Pourquoi lui avait-elle dit qu’elle le voulait rien qu’à elle? Des questions qui restaient sans réponses et que Shuuji voulait élucider!

Cette colère contre la belle panthère ne faisait que monter au fur et à mesure que Kame avançait. Il traversait les couloirs déserts et sombres pour finir par déboucher sur la vaste étendue d’herbe qui encerclait le bâtiment. Une fois qu’il eut escaladé le grillage pour s’échapper, il était alors difficile de dire qui avait le dessus. Entre la colère grandissante de Shuuji et la jalousie de Kame, tous deux avaient leur part de contrôle sur ce corps démoniaque.

En fin de compte, lorsque ils se retrouvèrent devant l’usine désaffectée du quartier nord de la ville, Shuuji avait reprit le contrôle de son corps. Il était bien conscient et ne souhaitait qu’une seule et unique chose: évacuer sa colère. Il s’était fait prendre à son propre jeu et était totalement furieux! Il comprenait enfin ce que cela pouvait faire de se faire duper. C’était tellement désagréable que Shuuji avait du mal à contrôler sa force.

Ainsi, lorsque la porte de l’usine lui résista, il suffit à Shuuji d’y donner un puissant coup de pied pour que celle-ci cède. D’ordinaire, la porte était ouverte mais qu’elle soit fermée était le signe évidant que la résidente de ces lieux était absente. Ca faisait un moment d’ailleurs que Kame n’avait pas vu la petite poupée répondant au prénom de Shishumi dans l’usine. D’ordinaire, lorsque il y pénétrait et qu’il n’était pas chassé , il passait sa journée assit sur un vieux canapé crasseux et complètement rapiécé à se faire observer à la manière d’un chat par la jeune poupée blonde aux grands yeux bleus et aux belles robes blanches et noires.

C’était assez désagréable de se réveiller en sursaut avec une petite créature assise sur votre bassin, d’entendre son rire cristallin résonner dans toute l’usine sans savoir exactement où elle était, de voir son petit sourire et cette lueur dans ses yeux vous donnant l’impression d’avoir ne face de vous une poupée animée. A passer des journées entières avec elle, Shuuji finissait par en faire des cauchemars. Il avait donc cessé d’y aller et il semblait qu’elle aussi avait désertée les lieux.

Il n’allait pas s’en plaindre! Elle l’aurait empêchée de se défouler et de faire sortir toute cette haine. Cependant, Shuuji ne se rendait pas compte que derrière la colère de s’être fait dupé il y avait autre chose…Une chose bien plus forte, tellement forte qu’il n’arrivait même pas à la voir ou à pouvoir mettre un nom dessus. Par contre, Kame elle le pouvait. Elle savait pertinemment ce que c’était et comment on pouvait le décrire. Il l’aimait! C’était aussi simple que ça. Malgré tout, Shuuji avait trop de fierté et se disait trop libre pour accepter un tel sentiment. Pour lui c’était synonyme d’attachement et donc il perdrait sa liberté.
Ce n’était pas tout ce qu’il craignait bien évidemment. Ayant vécu une existence assez difficile, Shuuji savait ce que c’était que de perdre quelque un à qui on était attaché. Ainsi, pour lui, amour était synonyme de douleur.

Même si il ne voulait voir ce sentiment à l’égard de Boa, Kame était là pour le lui rappeler et mieux l’enfermer à l’intérieur de lui même. Elle ne cessait de lui répéter qu’il allait souffrir, qu’elle allait jouer de ça si elle venait à l’apprendre. Kame faisait tout pour que Shuuji ne dévoile jamais ce qu’il ressent à Boa et pour qu’il finisse même par la haïr. Plutôt rusé comme plan…Mais arrivera-t-elle à ses fins?!

En attendant, Shuuji était déjà arrivé au deuxième étage, là où se trouvait le fameux canapé. La tête baissée, son cœur si vite qu’il entendait chaque pulsation dans ses oreilles. Ce bruit sourd devenait de plus en plus enivrant. Ses yeux se rouvrirent pour laisser place à deux pupilles dilatées dans lesquelles il régnait une lueur encore différente. C’était caractéristique de son énervement profond. Tout en redressant le visage lentement, on découvrait petit à petit une expression de calme intense qui cachait cette colère. Une force profondément enfouie qui glaçait le sang.

La voix de Kame retentissait dans sa tête, son rire y résonnait. Devenu dingue, Shuuji hurla un « LA FERME » qui retentit dans tout le bâtiment. Il se retrouva le front appuyé contre la paroi les poings serrés frappant doucement le mur de façon régulière.
La nouvelle intervention de Kame raviva sa colère à l’égard de Boa et le poussa à frapper violemment dans le mur d’un coup de poing. La force qu’il y avait mit était telle qu’un grand pant de peinture caillée tomba sur le sol soulevant un nuage de poussière si conséquent qu’il était impossible de voir ses mains à dix centimètres de son visage.

Le nuage se dissipa petit à petit et Shuuji en profita pour exprimer une nouvelle fois sa colère. Toutes les insultes possibles et imaginable sortaient d’entre ses douces lèvres. On ne savait trop si elles étaient à l’intention de Boa ou de Kame. Son visage déformé par la haine, Shuuji frappait contre tout ce qui était à sa portée. La dernière chose qu’il heurta fut un baril d’essence vide qu’il envoya à l’autre bout de la pièce en un coup de pied assez puissant.

Essoufflé d’avoir autant hurlé et bougé de la sorte, Shuuji se laissa tomber sur le canapé. La tête rejetée en arrière, il soupira longuement. L’expression de son visage n’était plus haineuse mais emplie de tristesse. Ses yeux traduisaient une peine profonde. Tout en continuant de soupirer, Shuuji posa ses coudes sur ses cuisses et posa son visage sur ses mains.
Il repensait en silence et les yeux fermés à tout ce qui c’était passé ces derniers jours. La colère était toujours présente mais il ressentait également une peine qu’il n’avait pas connut depuis bien longtemps…

Loin des vestiaires, mais surtout, loin de lui, le corps de cette sublime féline déambulait dans les rues sombres puantes l'alcool mal consommé. Cet ascension vers un endroit froid, qu'elle ne connaissait même pas, semblait durée une éternité, comme si elle avançait dans un couloir sans fin. De tant à autre, la jeune panthère parlait, ou plutôt chantait! Étrange non? Pourquoi cette sublime voix résonnait-elle ,faiblement dans la rue menant vers l'usine désinfectée?
Mais... ce n'était pas elle l'auteur de cette mélodie remplie de paroles déchirantes les une des autres. Et pourtant, c'était bien sa voix à elle. Cette poupée de porcelaine la réconfortait d'une manière peu agréable. Malheureusement...

A cet instant précis, plus rien n'était clair, plus rien n'avait d'importance. Les choses qui lui paraissaient si futiles, semblaient affreuses et sans intérêts. C'est pourquoi elle ressentait une sensation plutôt désagréable, comme si elle était traquée à chaque instant. A moins...Qu'elle l'était d'une façon peu commune grâce ou à cause de cette poupée qui s'amusait à «chanter»?
Peut-être...Mais dans un sens, elle s'en foutait pas mal de son petit sort qui semblait inexistant aux yeux des gens.

A l'intérieure d'elle même, cette belle panthère aux formes irrésistibles ressentait un flot de sentiment plus que complexes. C'était si désagréable de ne pouvoir mettre un nom et une définition sur chaque sensation. Savait-elle au moins ce qu'elle ressentait? Bien sûre que oui..Et cette petite poupée en porcelaine avait une joie immense de pouvoir les lui bouffer ,dans son esprit. Cette petite garce aux allures enfantines était devenue une vraie cinglée au fil du temps, mais surtout, depuis que Boa avait posé ses jolis yeux bridés d'un sombre déstabilisant sur le démon tant convoité. C'est à l'instant même que Boa avait eu un frisson dans le cimetière que cette garce sans visage venait de prendre des solutions afin de la détruire...Moralement voir même physiquement.

Marchant d'un pas nonchalant, la jeune féline arriva enfin devant un immense bâtiment abandonné mais qui ressemblait plus à une vieille usine désinfectée. Ne prenant même pas conscience de ce qui pourrait se cacher dans ses endroits, elle le contourna avec une lenteur qui mettait en valeur chacun de ses mouvements. Voyant qu'aucune présence se trouvait dans les parages, elle décida de s'y aventurer. Curieuse, elle passa au dessus d'une grande barrière mais qui ne fut en aucun cas un obstacle pour elle.

C'est une fois à terre que Boa inspecta amplement les lieux abandonnés. Il lui semblait que personne venait ici, mais après tout, elle était bien venue elle...elle qui était d'un délicieux raffinement mais d'une attitude plus que déplorable semblait se sentir à l'aise dans un tel endroit. Même cette histoire qui s'était déroulée dans les vestiaires ne pouvait lui gâcher ce qu'elle ressentait à cet instant précis. Cette sensation de danger en permanence la mettait dans une rage mais surtout dans une incertitude immense.

Cependant, son coeur s'accélérait à chaque pas qu'elle faisait avec grâce. Qu'est ce qui lui avait pris de partir ainsi sans même avoir tenter de retenir cet "autre" démon? Elle n'en savait pas...Peut-être qu'elle ne voulait pas créer un combat qui pourrait mettre en péril le Shuuji dont elle était tombée amoureuse...Qui sait?
Mais avoir vu cette autre personnalité, auparavant inconnue à ses yeux, l'avait terrifié d'une telle façon qu'elle s'était elle même remise en question. Oui...Elle avait remis en doute ses façons d'agir, son caractère, ses pensées...Ce qu'elle n'avait bien sûre jamais fait dans le passé.

Lorsque cette belle panthère aux nombreux vices arriva enfin derrière l'immeuble, la poupée de porcelaine fit un rire plus que repoussant avec sa petite voix d'enfant. D'un geste vif, Boa plaqua ses mains sur ses oreilles, comme si elle refusait de l'écouter alors que ça ne servait strictement à rien vu qu'elle se trouvait dans son esprit troublé. Les yeux fermés, le corps de Boa se cambra légèrement sous cette torture morale plus que désagréable. Ce fut un murmure telle une supplication que Boa laissa échapper.

- Tais toi..

Un soulagement se fit entendre alors que la poupée de porcelaine s'était enfin calmée. Enfin Boa pouvait penser normalement! Enfin normalement...C'est un grand mot.
Soudainement, Boa aperçu une fenêtre, devenue brune sous les années, grande ouverte en face d'elle. Curieuse, elle s'avança d'un pas lent vers cette entrée qui mènera enfin à un calme bien spécifique.

Agile tel le félin qu'elle incarnait parfaiment, la belle Boa rentra avec facilité dans le bâtiment bien lugubre à cet endroit précis. Malgré les apparences, elle n'avait pas peur...Pourquoi aurait-elle peur alors qu'elle était aussi sombre que ces lieux?

Cependant, depuis qu'elle était arrivé dans les environs, son visage d'ange était devenu celle d'une statue de marbre aux larmes de sang. Son coeur était fendu...? Sûrement...
Elle avait horriblement mal...oh que oui qu'elle avait mal. Elle se sentait si faible !
Pourtant, sa haine envers cet autre démon semblait cacher l'amour qu'elle portait à Shuuji.

Pourquoi cela faisait-il si mal? Jamais elle n'avait connu ça...Jamais elle n'avait resenti ce genre de douleur. C'était ça? Être perdue dans ses pensées...?
Arrivé dans une salle vide, la belle panthère fit un bond en arrière. Un hurlement retentit dans tout le bâtiment.

- C'était quoi ça? Dit-elle à elle même.

Curieuse, elle alla vers la cage d'escaliers qui la terrifiait, elle n'avait vraiment pas confiance en ces planches de bois. Mais c'était surtout la curiosité ,qui la démangeait ,qui la poussa à aller voir ce qui se passait en haut. Pas à pas, la belle boa monta les vielles planches grinçantes en chantant timidement, afin de se rassurer...?

-Ma poupée chérie ne veut pas dormir...Petit ange mien, tu me fais souffrir...Ferme tes doux yeux, tes yeux de saphir...Dors poupée, dors, dors, ou je vais mourir...

La belle panthère arriva au premier étage qui l'effrayait. Cela ressemblait à un endroit où les cauchemars prennent naissance. Cependant, noir d'esprit, cette jeune femme se retourna vers les escaliers pour continuer son ascension. Ce fut au deuxième niveau qu'elle s'arrêta.

Rien. Il n'y avait rien....en tout cas, rien qui lui paraissait intriguant. Il y avait une porte oui, même deux quand on regardait bien. Mais qu'-elle salle se cachait derrière? Et surtout, cachaient-elles la source de ce hurlement?
Marchant sur le plancher grinçant, la belle panthère se dirigea, les yeux dans le vague ,vers une des grandes fenêtres. Tel une douceur brûlante, elle posa une de ses paumes contre la vitre gelée. Ce fut un soupire qui s'échappa de ses douces lèvres alors qu'elle regarda le désastre de ce paysage.

La folie…Un bien grand mot qui jusqu’à présent ne signifiait pas grand chose pour Shuuji. Cependant, il n’avait jamais encore fait l’expérience de réellement se battre contre lui-même, de perdre la raison à ce point, de ne pas arriver à penser par lui-même. Maintenant il comprenait enfin…Il savait enfin ce que pensaient les gens lorsqu’ils voyaient ou entendaient quelqu’un crier sans raison. Il comprenait l’horreur de se sentir comme ça.

Quelle sensation horrible de ne pas arriver à penser par soi même... Il n’était pas sûre d’avoir le contrôle total sur son corps…Tout dans son esprit devenait flou. Savoir ce qui était ses pensées et celles de Kame devenait une chose impossible. Comment faire la distinction avec sa propre voix et celle de Kame qui, quand elle le désirait, était la même que la sienne.

Relativement affaiblit par la force psychologique incroyable de Kame, Shuuji croyait tout ce qu’elle voulait. C’était devenu même trop facile pour elle. L’amusement n’était plus là…Shuuji n’opposait plus aucune résistance, ne voulait même pas contester ce qu’elle lui disait. Il fallait un peu plus d’action ! C’était bien trop ennuyeux pour elle ! Elle devait profiter de Shuuji tant qu’il avait toute sa tête et était encore capable de penser un tant soit peu par lui-même.

Kame entreprit donc l’initiative d’entamer un petit dialogue avec celui qu’elle aimait depuis toujours, celui qu’elle avait toujours défendu, celui qu’elle voulait à elle et à elle seule. Personne d’autre qu’elle ne pourrait l’avoir. Il était à elle ! Après tout, elle avait toujours été avec elle. C’était elle qui l’avait toujours épaulé alors elle ne voyait pas pourquoi il appartiendrait à personne d’autre.

Un sourire narquois et maléfique se dessina alors sur les douces lèvres de Shuuji qu’il ne contrôlait plus. Les mains toujours posées sur ses yeux, les coudes sur ses cuisses, Kame qui avait à présent le contrôle de ce corps aux allures démoniaques se redressa lentement en souriant. Un très léger rire sadique et sourd sortit d’entre ses fines lèvres d’un rose pâle.

Alors?! Dit moi…Shuuji! …Ca fait quoi de sentir la folie monter en soi ? !…

Le sourire se transforma en quelques secondes en une grimace évoquant le profond dégoût que Shuuji pouvait ressentir à présent pour Kame. Sans s’en rendre compte, il allait foncer tête baissée dans son jeu. Il allait lui donner satisfaction. Une fois de plus il serrait sous sa domination totale.
La lueur de ses yeux passa de la malveillance même à la colère profonde que l’on peut éprouver lorsque l’on hait de tout son corps, de tout son âme quelqu’un qui dit vouloir notre bien.

Furieux contre les questions narquoises de Kame, Shuuji se leva brusquement du canapé. Ses yeux s’agitaient dans toutes les directions comme s’il cherchait du regard Kame dans la pièce. Bien évidemment elle ne pouvait s’y trouver mais c’était un réflexe.
Le jeune démon n’aimait pas s’énerver ou avoir une conversation avec personne qu’il ne pouvait regarder dans les yeux.
Le fait de se disputer contre lui-même était un facteur de plus qui augmentait sa colère.

La voix de Shuuji résonna une nouvelle fois dans toute l’usine. L’intensité de sa voix était si forte que les quelques oiseaux qui s’étaient égarés dans l’usine s’envolèrent d’un seul trait. Il était tellement furieux que Shuuji frappa du poing le mur une nouvelle fois. Le choc fut si fort qu’un nouveau pan de peinture caillée tomba du mur et répandus un épais nuage de poussière qui envahit toute la pièce plongeant Shuuji dans le noir.
Kame en profita pour à nouveaux intervenir. Avec sa voix narquoise et son petit rire, elle était sûre de le rendre complètement dingue.

On dirait que t’as du mal à l’accepter non?!

FERME LA BORDEL !!!!

Le rire de Kame retentit une nouvelle fois dans la salle. Le fou rire qui secouait Kame était si fort que son corps était plié en deux. Le rire si désagréable qui vous donnait l’impression d’être complètement stupide et inférieur à elle se stoppa net.
Le nuage se dissipa pour laisser voir le visage du beau démon déformé par la haine. Evidemment, Kame se cachait derrière. Ses brillaient d’une lueur malsaine, ses lèvres étaient tendues dans une expression qui pouvait laisser croire que d’un instant à un autre elles allaient se tendre en un horrible sourire terrifiant reflétant celle qu’elle était vraiment.

Ce que tu es amusant ! Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement mon mignon !

JE TE HAIS! SORT DE MA TETE!!!!

Shuuji était accroupit sur le sol, les mains sur les oreilles. Il savait très bien que ce geste était complètement inutile mais c’était un réflexe. Il ne voulait plus l’entendre, il voulait qu’elle arrête de parler…Il avait besoin de quelque chose…Quelque chose de rassurant…Oui, il avait besoin de se sentir en sécurité…Il avait besoin de quelqu’un…De sa panthère…Il avait besoin d’elle !

Même si la colère qu’il éprouvait envers elle de l’avoir laissé, de ne pas s’être battue, il la voulait à ses côtés. Malgré les apparences, Shuuji avait le cœur brisé. Il paraissait peut-être fort comme ça parce qu’il ne voulait que personne découvre son secret. Bien qu’il dise le contraire, il possédait un cœur…Un cœur bien trop sensible à son goût et lui…Il détestait ça !

Recroquevillé sur lui-même, les mains sur les oreilles, les genoux sur le sol, Shuuji commença à faire sortir une longue plainte sourde d’entre ses lèvres. Ses yeux fermés se plissaient de plus en plus jusqu’à ce qu’il pousse un nouveau cri de frustration et d’épuisement. Ses mains tombèrent lentement de sur ses oreilles, son front vint se plaquer sur le sol.
Le visage tendu par un profond chagrin sur le point d’éclater, Shuuji frappa sur le sol à plusieurs reprises.
Pour la première fois depuis un bon moment, des larmes coulèrent sur les joues de nacre de Shuuji pour s’écraser sur le sol couvert de poussière. Pour tout dire, il ne se souvenait même pas de la dernière fois où il avait pleuré…

Un jour sa mère lui avait dit qu'elle trouverait le bonheur. Et pourtant, elle ne l'a et ne l'aura sûrement jamais. Ce n'était que des mensonges qui devenaient de plus en plus fréquents. Les parents, peu importe leur personnalité, devraient s'occuper de leurs enfants ainsi que les aimer . Mais, non! Il fallait que Boa vive par ses propres choix. Mais pour une enfant de 12 ans, c'était beaucoup, beaucoup trop dur. Oui...C'était trop dur..Voir même impossible.

Vous me direz sans doute que c'est immonde...Et vous auriez raison. Comment une enfant de 12 ans aurait pu vivre une adolescence quelque peu normale? C'était impossible quand on naissait dans ce domaine où l'argent fait le bonheur des pourritures que la terre a accueilli. Sa mère était étonnée de voir comment sa fille avait grandi. Elle qui était digne d'une jolie poupée aux cheveux bouclés et aux allures de princesse, elle était devenue une jeune femme aux nombreux vices, à la limite de la prostitution.

Habituellement, quand une jeune fille sort de l'adolescence, elle doit être épaulée face au monde rempli de créature plus horrible les unes que les autres. Et là non...Elle était littéralement jetée dans cet univers noir qui effrayait les enfants cloîtrés dans leur chambre. Ca pouvait paraître impensable, mais elle l'était!

Certains pensent qu'elle ne fait rien pour s'en sortir...Et c'est la vérité! Elle ne faisait rien pour voir au moins une fois, le bonheur d'une journée. Non, elle faisait rien parce qu'elle avait choisi, d'une certaine manière, ce moyen insensé de vivre sa vie.
Folle? Peut-être...Elle l'était d'une certaine manière. Aucune fille, qu'elle soit pauvre ou riche, aimerait vivre pour seulement le sexe et les stupéfiants. Aucune fille...Non! Elle..elle avait choisi cette voie par faiblesse.

Mais...Sa vie à elle, était bien différente, bien plus sombre et plus dangereuse que certaines petites vies sans intérêt. Elle passait ses journées dans sa chambre ou dans les rues afin de trouver un endroit et une personne pour la nuit. Et ce petit rituel, elle l'effectuait avec un certain plaisir.

Oui, vie bien lamentable.. Mais après tout, elle était elle. La belle panthère était démoniaque et pourtant, pourtant elle avait un bon fond. Certes, bien caché, mais elle en avait tout de même un. Sous cette apparence de féline aux formes envoûtantes, se cache une jeune princesse qui garde une tristesse infinie et un manque d'affection total qui n'a jamais pu être rempli.

On pourrait la qualifier de fille facile...mais elle ne l'était pas, loin de là. Plus difficile, on pourrait trouver? Laisser moi rire! Ses victimes étaient des pourritures sans aucune morale. Elle en riait même, de voir ce qu'elle pouvait faire d'eux, de les voir prendre un plaisir inexistant alors qu'elle, elle se foutait bien d'eux. Mais vous me direz, pourquoi elle agit ainsi? Pourquoi vit-elle de cette manière? Je vous direz qu'elle s'en fout pas mal de votre avis qui ne l'intéresse point. Elle vit comme elle le veut. La belle panthère pouvait être horrible elle aussi...tel la population qui habite sur cette terre. Oui, elle en faisait partie, d'une certaine manière, de ce monde horrible et sans morale.

Mais comment un tel être aurait pu tomber amoureux une nuit de diamant? Mais comment ce pouvait-il alors qu'elle n'avait jamais vu la moindre marque d'affection? Commençait-elle à changer? Non..Il ne fallait pas! Sa vie n'aurait plus aucun sens dans ce cas. Il ne fallait pas que cette féline devienne un chat bien élevé. Surtout pas ça...C'était hors de question.

Malgré tout, elle ne voulait pas abandonner ce qu'elle ressentait pour Shuuji. Elle ne voulait pas le laisser, même si ce n'était pas réciproque. Pour la première fois elle aimait, mais pour la première fois ,elle souffrait horriblement. Vie cruelle..Elle continuait d'infliger à Boa les terribles décisions qu'elle avait gardé pour son existence.

Dans la pénombre de la pièce, Boa regardait vaguement le paysage qui ressemblait bel et bien à un corps en décomposition. Des morceaux de verre par-ci par là, des planches de bois en tas, des bidons de produits toxiques éparpillés un peu partout,...Tout ça rendait cette usine repoussante. Cependant, la belle féline s'en foutait de ces lieux. Elle était bien trop perdue dans ses choix, qu'elle ne ressentait pas la froideur de la salle.

Soudainement, la belle panthère leva la tête. Elle avait entendu quelqu'un parler. Mais qui?
Un coup se fit entendre. Mais qui est-ce? Et qu'est ce qu'il faisait? Son coeur commença à cogner violemment dans sa poitrine alors qu'elle tentait de savoir qui faisait ce boucan. Se retournant lentement, la belle panthère se dirigea vers une porte. D'un coup vif elle l'ouvrit...

Mais il n'y avait rien. Rien qui pouvait être la source de ces bruits. Un bruyant soupire s'échappa de ses douces lèvres tremblantes. Lentement, elle ferma la porte et repartit vers l'autre en espérant qu'elle dévoilera le perturbateur. De son pas désinvolte, elle se dirigea vers cette porte brune aux allures de boites de conserve.

Une fois arrivé devant celle-ci, elle tenta d'écouter à travers cette porte, bien curieuse. Mais rien...il n'y avait plus de bruit. Posant délicatement sa main sur la poignée métallique, elle ferma les yeux. Elle avait peur de ce qu'elle allait trouver.. Peut-être un autre être maléfique..

Mais ...Ses yeux s'écarquillèrent quand elle entendit un cri. Des coups contre le plancher...
La curiosité était un bien vilain défaut...qui peu vous menez à des risques bien mystérieux. Or, Boa était un être bien dangereux, la curiosité l'excitait et ...la menait à faire des gestes parfois regrettables.

Hésitante, Boa ouvrit lentement la porte métallique. Au début, elle ne voyait rien...La lumière jouant avec les ombres lui faisait croire à un tableau en noir et blanc bien effrayant. la belle féline ne faisait aucun bruit..Enfin, aucun bruit..On ne pouvait qu'entendre faiblement sa respiration haletante.

Mais...quelque chose vint la frapper! Ses yeux s'écarquillèrent sous cette vision plus que déchirante pour elle. Shuuji au sol, son corps légèrement secoué par...des larmes? Le coeur de cette belle féline tout droit sortit d'un conte au fin tragique avait le coeur serré. Ca lui faisait mal...horriblement mal. Jamais, elle n'avait eu aussi mal en voyant une personne dans cet état.

Pourtant, malgré sa peine, son visage montrait une froideur protectrice qui la gardait loin de ses propres larmes. Elle ,qui était blessée intérieurement telle une biche abattue par un chasseur, ne montrait pas ces perles d'eau qui se cachaient difficilement.

Le coeur serré, elle s'avança de son pas lent et gracieux, sans aucun bruit. Doucement, elle s'abaissa , face à cet être qu'elle aimait. Hésitante, elle posa une douce main sur la tête de Shuuji.
Des gens pourraient croire qu'elle avait...pitié. Mais c'était loin de la vérité! Elle aurait tant voulu ne jamais le voir dans cet état qu'elle n'avait jamais connu. Si cette belle féline aurait pu prendre sa douleur, son mal, elle l'aurait fait...
Elle avait peur de se faire repousser. Elle qui était fragile à l'intérieur avait peur de le voir l'abandonner, de le voir la repousser pour ne pas la revoir, ne pas vouloir de ses bras protecteurs, de sa chaleur rassurante...

C'est sur cette pensée qu'elle hésita à parler, à ouvrir sa bouche empoisonné pour lui dire des paroles qui pourraient le blesser , voir même le mettre en colère.

- Don't cry... Murmura-t-elle

Elle l'avait dit sans même l'avoir pensé. Enfin...Elle l'avait dit en ne sachant les conséquences que cela pourrait endurer. Se rendant compte de ce qu'elle venait de faire, elle retira lentement sa main pour se remettre debout.
Ce qu'elle avait oublié, c'est que dans ce corps, un autre démon s'était montré. Elle espérait ...qu'il ne viendrait pas...Mais, c'était peine perdue. Elle avait vu ce que cet inconnu pouvait faire...Et, elle ne l'empêchera pas de se montrer.

Lentement, la tête étrangement droite, elle se dirigea vers une fenêtre cassée afin de respirer cet air complètement impur pour pouvoir calmer sa tristesse grandissante. Cependant, elle ne pouvait pas prévoir ce que cette poupée de porcelaine allait faire...sans qu'elle le sache...

Hj: Je vais commencer à corser l'affaire... ^^

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